L’étude de territoire pour favoriser le dialogue entre citoyens, collectivités et industriels

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L’étude de territoire pour favoriser le dialogue L’étude de territoire pour favoriser le dialogue

Diffuser, partager, mettre en commun... autant d’enjeux pour une bonne gestion des risques industriels sur les territoires. La diversité des industries, des contextes locaux et des collectivités, génère une grande richesse, mais également une grande complexité. Si l’État diffuse depuis plusieurs années et sur l’ensemble des territoires des modèles de gestions des risques, leur efficacité demeure en demi-teinte. Afin d’éviter certains écueils, un levier simple a été identifié : prendre en compte dans la manière d’envisager le risque, les spécificités locales des territoires. Pour cela, on dispose d’un panel d’outils extrêmement performant : les sciences sociales.

Chaque territoire est unique 

On constate que les problématiques locales en termes de gestion des risques sont larges, variées et très dépendantes du territoire. Pour y développer une « culture de sécurité », la participation citoyenne apparait comme un instrument adapté. On a ainsi pensé des dispositifs de participation permettant aux différentes parties prenantes d’un territoire (riverains, industriels, État, collectivités ou salariés) d’échanger sur la question des risques. Se pose alors une question : comment penser des méthodes et outils de participation citoyenne efficaces et utilisés ?

Une dimension technocratique a été reprochée à certains dispositifs règlementaires. Les dimensions humaine, émotionnelle et sociales de l’application de ces stratégies de prévention semblent avoir été oubliées dans leur mise en place :

  • Une expropriation peut être une solution adaptée dans le cas où une propriété est située à proximité immédiate d’un site à risque. Cependant, elle représente également une réelle violence pour le riverain qui a investi émotionnellement, parfois depuis de longues années son lieu de vie.
  • L’obligation de renforcer les bâtiments pour parer à un risque d’explosion semble être une mesure appropriée. Il faut néanmoins prendre en compte le fait qu’habiter à proximité de sites à risque signifie souvent être issu d’une population ouvrière avec une capacité financière limitée. Malgré des dispositifs d’aide existants, la prise en charge de ces lourds travaux peut quand même générer des difficultés. Ces aides demeurent insuffisantes et trop peu adaptées aux situations concrètes rencontrées par les riverains. 

Alors, comment créer une réelle complémentarité entre la mise en œuvre des plans de prévention et la prise en compte des enjeux locaux ?

Les retours d’expérience menés sur différents territoires nous donnent des éléments de réponse :

  • Aller à la rencontre des populations,
  • Chercher à comprendre les motivations de chacun des acteurs,
  • Identifier les enjeux et articulations entre les différentes parties prenantes.

En bref, entamer un travail de diagnostic pour comprendre le territoire en profondeur.

 

Les avantages de la démarche sociologique

Mettre en place une démarche issue des sciences humaines et sociales permet de recueillir les attentes de l’ensemble des parties prenantes du territoire. Cela permet une meilleure compréhension et un meilleur engagement de chacun dans les instances collectives que l’on souhaite mettre en place. Comprendre l’autre c’est déjà faire un pas vers lui, entamer le dialogue et créer du commun.

LES ÉTAPES DU DIAGNOSTIC DE TERRITOIRE :

Un diagnostic de territoire se construit en plusieurs temps. En effet chaque territoire est unique et ses spécificités doivent être clairement prise en compte. Une étude se structure ainsi autour de plusieurs axes :

- Synthèse d’études préexistantes sur la culture de sécurité

- Création et enrichissement d’un questionnaire et sélection de plusieurs sous-territoire pour assurer une diversité sociologique

- Réalisation d'entretiens qualitatifs sur le terrain, complétés par une enquête quantitative

- Présentation des résultats et émission de recommandations adaptées

 

Cette démarche a été expérimentée sur plusieurs territoires et a permis d'identifier et dépasser de nombreuses idées reçues, comme le réel attachement des riverains vis-à-vis des sites industriels ou bien la réaffirmation de la place de l'industrie dans l'histoire du territoire.

L'étude de territoire, où se rencontrent sociologie, histoire et psychologie, a ainsi permis à chacun de mieux comprendre les enjeux spécifiques des autres parties prenantes.

Des limites inhérentes aux sciences sociales

Évidemment, les sciences humaines et sociales ne peuvent pas tout. Aborder une telle démarche peut être compliqué à faire valoir du côté du législateur, de l’industriel ou de la collectivité. On trouve plusieurs raisons à cela :

  • Le temps des sciences humaines et sociales est un temps long, un temps de l’analyse. Cette temporalité peut alors entrer en conflit avec les agendas à plus court terme des décideurs.
  • La démarche sociologique ne s’accompagne pas nécessairement de résultats immédiats, a contrario d’une approche plus technique pilotée via des indicateurs de performances concrets et souvent plus simples à transmettre.
  • Cette démarche peut également être parfois considérée comme partisane par les différentes parties prenantes, qui vont taxer les chercheurs d’être porteurs d'une idéologie contraire à leurs intérêts.

Ces limites sont réelles, mais ne doivent pas faire oublier que l’objectif principal est de faire émerger une solution adaptée à chaque territoire. Une culture commune est lente à se mettre en place, et ne se décrète pas. Mais avec la connaissance des enjeux locaux, des positions et volontés de chacun des acteurs, il devient alors possible de créer des outils adaptés aux problématiques spécifiques du territoire.

Une solution serait ainsi dans la complémentarité entre une approche technique et une approche sociologique, afin de faire fonctionner de concert le meilleur des deux mondes. Donner la place à la diffusion à la fois d’une culture de la sécurité chez les riverains et d’une culture de la population chez les gestionnaires d’un territoire.

C’est dans ce mouvement de balancier entre ces deux approches que semble ainsi se trouver une manière d’engager un territoire vers une démarche efficace et vertueuse de gestion des risques, comme il est possible de le constater à travers ces 4 exemples, français et internationaux.

 

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